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Pour le semestre de présidence française de l’UE, les Balkans ne sont certainement pas une priorité. Après tout, ils ne l’ont même pas fait ces dernières années, malgré les tentatives de la France de réinfluencer la région, notamment avec ses propres entreprises.

A partir du 1er janvier, la France a pris la présidence semestrielle du Conseil de l’Union européenne, recevant le relais de la Slovénie. Il s’agit d’un engagement important qui intervient à un moment difficile pour l’Europe et le pays, aux prises avec les élections présidentielles du printemps prochain.

Contrairement au rôle constant et actif joué par l’Allemagne de l’ère Merkel, partisane de relations fortes avec les Balkans occidentaux et favorable à leur approche de l’UE, le président français Emmanuel Macron ne semble pas avoir accordé à la région une place centrale dans le programme présidentiel. , malgré le regain d’intérêt manifesté pour la région ces dernières années.

Paris a vraiment intérêt à jouer un rôle moteur dans les Balkans mais sans cela cela conduit à l’adhésion de nouveaux membres à court terme. Pour Macron, en effet, l’élargissement n’a jamais été une priorité et cela semble également vrai pour la France : dans l’enquête 2020, 59 % des personnes interrogées se déclarent contre l’adhésion des Balkans occidentaux.

Dans ce contexte, le veto placé au début des négociations avec l’Albanie et la Macédoine du Nord en octobre 2019 a créé tant de problèmes pour la politique d’expansion que même la nouvelle méthodologie de procédure, voulue par Macron, n’a pas pu surmonter.

Intérêts politiques

Au cours des deux dernières décennies, Paris a mis en œuvre un désengagement progressif dans les Balkans laissant l’initiative à l’Allemagne, qui s’est concrétisé avec le lancement en 2014 du processus dit de Berlin auquel la France n’a adhéré que l’année suivante.

Cependant, l’Elysée peut compter sur de bonnes relations avec la Serbie, principal pays de la région. La proximité historique remonte à la Première Guerre mondiale lorsque les deux pays se sont trouvés alliés dans la lutte contre le grand empire. L’amitié s’est ensuite détendue en raison de la participation de la France aux bombardements de l’OTAN en 2000 et de la reconnaissance du Kosovo en 2008.

Cependant, ces dernières années, Paris a commencé à considérer la région avec un intérêt croissant. En 2016, il a poussé à la création du Bureau de coopération pour la jeunesse des Balkans occidentaux (RYCO), basé à Tirana et chargé de renforcer les liens entre les jeunes. Trois ans plus tard, en 2019, le gouvernement français élabore une « Stratégie nationale pour les Balkans occidentaux ». Le document, fortement axé sur les questions de sécurité et de défense, place le renforcement des intérêts géoéconomiques de la France dans la région et la limitation de l’influence étrangère, notamment russe, au-dessus de ses priorités.

En matière de développement économique et social, la Stratégie prend en compte l’intervention de l’Agence française de développement (AFD) dont les engagements actuels s’élèvent à plus de 260 millions d’euros par an.

Intérêt économique

Et c’est justement au niveau économique que Paris a décidé de jouer son jeu. Comme le souligne également lien du sénat transalpin, la présence des entreprises françaises dans la région des Balkans reste « très modeste » par rapport aux entreprises allemandes, italiennes et autrichiennes.

Afin de combler l’écart avec les partenaires européens, ces dernières années, d’importantes entreprises françaises, tant publiques que privées, ont lancé d’importants investissements dans les Balkans. Parmi celles-ci, relatives à la modernisation et à la gestion de l’aéroport de Belgrade, a été accordée en 2019 une concession de 25 ans au français Vinci. Le projet comprend la construction d’un nouveau terminal portant la capacité totale à 15 millions de passagers par an et améliorant les performances environnementales, avec la construction d’un parc photovoltaïque et d’une centrale électrique au gaz naturel.

Plus significatif politiquement est l’accord conclu entre le gouvernement serbe et la ville de Belgrade avec la société chinoise PowerChina et les sociétés françaises Alstom et Egis Rail, pour la construction de 42 kilomètres de métro dans la capitale serbe. Le projet, d’un coût total de 4,5 milliards d’euros, prévoit une participation économique de l’Elysée équivalente à environ 450 millions d’euros pour la seule première tranche.

Au Monténégro, le Groupe ADP, en collaboration avec le turc TAV qui détient environ 46% du capital, s’est montré intéressé par la concession trentenaire des aéroports de Podgorica et Tivat. A la place, le français Akuo Energy a présenté un projet de construction d’un parc photovoltaïque de 270 millions d’euros en Macédoine du Nord et d’un parc éolien au Kosovo.

Semestre présidentiel

Malgré sa récente avance, les Balkans ne semblent pas préoccuper le président Macron. Dans document le programme présenté par le gouvernement français des Balkans vient d’être évoqué. Parmi ces promesses, figure un sommet presque rituel dans les Balkans occidentaux en juin.

En lui parole Dans sa présentation, Macron a évoqué l’agenda d’une Europe souveraine et abordé des sujets tels que la législation européenne sur le salaire minimum, la régulation des plateformes numériques et surtout les relations avec l’Afrique, que le président lui-même a définies comme une « priorité ».

Evoquant les Balkans, il a évoqué « une politique de réengagement, d’investissement pour favoriser l’intégration économique », après ce qui a été fait ces trois dernières années.

Cependant, pour ce faire, il doit faire face à un autre défi : la concurrence avec d’autres puissances mondiales. Macron lui-même a souligné les engagements selon lesquels, selon lui, nous devons « combattre l’ingérence et la manipulation des différentes puissances régionales qui cherchent, à travers les Balkans, à déstabiliser l’Europe » avec des références claires non seulement à la Russie mais aussi à la pression séparatiste en Bosnie-Herzégovine.

En plein Bosnie-Herzégovine, traversée depuis quelque temps par une crevasse profonde au ton de plus en plus vif et menaçant, se joue un autre match important. En décembre, l’ambassade de France s’est jointe à d’autres pays occidentaux, dont l’Italie, pour condamner officiellement la mise en place d’institutions hors du cadre constitutionnel en Republika Srpska. Si les tensions s’intensifient, la Bosnie-Herzégovine pourrait devenir une priorité inattendue pour Paris.

Enfin, la réforme de l’espace Schengen visant à renforcer davantage le contrôle aux frontières extérieures également grâce au soutien et à l’intervention de l’instance européenne Frontex est également l’un des objectifs de la présidence. Questions concernant directement les Balkans occidentaux, ainsi que l’approbation d’un nouveau paquet européen sur la migration. Enjeux fondamentaux pour la région et ses relations avec l’Union européenne.

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