La France améliore la définition européenne de la « souveraineté militaire » dans une présidence « pro tempore »

Le président français Emmanuel Macron a déclaré jeudi (9) qu’il ferait pression en faveur de la définition par l’Union européenne (UE) de la « souveraineté stratégique » en matière de défense pendant la présidence intérimaire du bloc entre janvier et juin de l’année prochaine.

« Nous devons passer d’une Europe coopérative à l’intérieur de nos frontières à une Europe forte dans le monde, pleinement souveraine, libre de prendre ses propres décisions et de contrôler son propre destin », a-t-il déclaré à propos des objectifs de la présidence.

Lors d’une conférence de presse, le chef de l’État français a détaillé les domaines qui seraient prioritaires pour atteindre cet objectif, de la défense aux révisions des règles fiscales, en passant par la politique commerciale.

Les propositions incluent la promotion de la définition de la « souveraineté stratégique » en matière de défense, l’établissement de nouveaux liens économiques avec l’Afrique, la « refonte » des règles fiscales de la zone euro ou la finalisation des taxes sur les sociétés multinationales.

Sur la Défense, Macron, qui prône depuis des années une « autonomie stratégique » de l’Europe pour réduire la dépendance militaire vis-à-vis des Etats-Unis, mais sans rompre les liens avec l’OTAN, a poussé à cette définition de « souveraineté stratégique ».

« Nous, Européens, membres de l’OTAN ou non (…), partageons les mêmes menaces et objectifs », a déclaré le président, évoquant l’idée de manœuvres conjointes ou de nouveaux scénarios, comme l’espace extra-atmosphérique et le cyberespace.

Bien que le rôle « pro tempore » de l’État en tant que président soit de conclure des accords entre États et institutions, la France a mis ses intérêts nationaux à l’ordre du jour.

Ainsi, dans le contexte d’une crise diplomatique sur les migrations, que ce soit aux frontières du bloc avec la Biélorussie, la Grande-Bretagne ou la Méditerranée, la présidence française de l’UE poussera à des réformes dans l’espace de libre circulation Schengen.

Macron a défendu la création d’un organe de contrôle politique, comme celui déjà en place pour la zone euro avec des réunions mensuelles des ministres des Finances, et promu des mécanismes pour aider les pays frontaliers en crise.

L’UE, acteur du commerce mondial et cherchant à devenir une référence dans la lutte contre le changement climatique, a proposé ces derniers mois d’unifier ces deux domaines dans ses politiques, que Macron veut promouvoir au premier semestre de cette année.

Le président français a indiqué qu’il mettrait en œuvre les instruments de l’UE contre la « déforestation importée » pour empêcher les produits cultivés dans les zones déboisées d’entrer dans le bloc.

Soja, bœuf ou café font partie des importations citées par Macron, détracteur de l’accord négocié entre l’UE et les pays du Mercosur et qui cherche aussi un « début » d’une taxe carbone à la frontière.

D’autres objectifs sont de « lancer un mécanisme d’ajustement carbone à la frontière, la fameuse taxe carbone » et de promouvoir des « clauses miroirs » afin que les partenaires commerciaux respectent les normes environnementales européennes.

La présidence française de l’UE analysera également les enseignements tirés des conséquences humaines et économiques de la pandémie de coronavirus. A cet égard, Macron a prôné « une refonte des règles fiscales européennes ».

« Face à toutes ces crises qui affectent l’Europe, il y a beaucoup de gens qui ne veulent pas croire en eux. Ces pays sont notre force, notre fierté, mais l’unité de l’Europe est un complément irremplaçable », a-t-il ajouté.

– Contre ou « révisionnisme » –

Cette présidence biennale, la 13e présidence française depuis les années 1950 et la première depuis 2008, intervient à un moment charnière pour l’UE et, surtout, pour ses deux premières économies, la France et l’Allemagne, considérées comme la force motrice du bloc.

En Allemagne, le social-démocrate Olaf Scholz a pris le pouvoir mercredi, après 16 ans passés aux mains de la conservatrice Angela Merkel, considérée comme la leader de facto du bloc et parfois critiquée pour contenir la poussée pro-européenne de Macron.

« Du premier au dernier, ils pourront compter sur le soutien de l’Allemagne (…) visite à Paris.

Et en France, Macron fait face aux élections présidentielles en avril. Si la plupart des sondages lui ont donné des victoires face à des candidats d’extrême droite et d’extrême droite, ils n’ont cessé de critiquer l’Union européenne et même la justice européenne.

« Nous vivons un moment politique en Europe où le révisionnisme s’installe dans certains pays et est utilisé par des puissances qui veulent remettre en cause nos valeurs, notre histoire », a déclaré Macron.

Le président français achèvera lundi sa visite dans d’autres pays de l’UE à Budapest, où il discutera avec les dirigeants du groupe de Visegrad – Hongrie, Pologne, Slovaquie et République tchèque – de leurs priorités européennes.

Narcissus Shepherd

"Certified introvert. Devoted internet fanatic. Subtly charming troublemaker. Thinker."

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *