par Maurizio Delli Santi * –
La nouvelle de la crise diplomatique qui a conduit la France à retirer ses ambassadeurs « pour consultations » des capitales des Etats-Unis et de l’Australie, après le « Pacte d’Aukus », a suscité l’inquiétude dans le contexte euro-atlantique. Il s’agit d’un accord politico-militaire entre l’Australie, la Grande-Bretagne et les États-Unis, dans lequel la France a vu un accord de plus de 50 milliards de dollars pour la fourniture de 12 sous-marins à l’Australie, qui seront désormais remplacés par des commandes anglo. Et surtout, Paris craint d’avoir perdu sa relation avec Canberra, pierre angulaire de ses projections dans l’Indo-Pacifique.
L’heure est donc venue pour l’Italie de faire preuve d’une réelle solidarité avec la France, qui depuis plus de trois ans nous invite à signer le Traité du Quirinal. Il s’agit du « traité bilatéral franco-italien de coopération renforcée », appelé traité du Quirinal par analogie au plus célèbre traité de l’Elysée signé par la France et l’Allemagne en 1963, qui a permis aux deux pays, ennemis historiques, de conquérir le leadership européen en quelques dernières années, surtout après le Brexit britannique.
L’initiative a été discutée récemment lors d’une réunion à Marseille entre le Premier ministre Draghi et Macron le 2 septembre. Le traité du Quirinal, proposé par Emmanuel Macron en janvier 2018 lors d’une visite en Italie, a été reporté en raison de divergences de vues entre les deux pays. Malgré l’approche des responsables du gouvernement italien du mouvement des gilets jaunes, l’idée française de politique de défense européenne a été conçue sur le concept d’« autonomie stratégique » par rapport au pacte euro-atlantique avec l’OTAN, une vision qui aujourd’hui d’autre part, est attendue dans l’UE après le retrait américain d’Afghanistan. Paris a alors fait une forte résistance au plan de relocalisation des migrants, et en Libye s’est rangé du côté du général Haftar, l’homme fort de Cyrénaïque garant des intérêts pétroliers français dans la région, plutôt qu’avec un gouvernement d’accord national dirigé par le Premier ministre Fayez al-Serraj, soutenu par le Nations Unies et fortement soutenu par l’Italie, qui se sentait plus protégée des intérêts énergétiques nationaux.
Mais la comparaison au fil des années a généralement été très chaude en politique industrielle, commerciale et financière, avec une concurrence croissante dans le programme de défense, mais aussi dans des secteurs économiques stratégiques, la banque n’échappe pas à la règle.
Aujourd’hui, l’Accord du Quirinal part plutôt d’une position très étroite et, contrairement à certaines voix encore dissidentes, semble viser une meilleure coordination et coopération en matière de politique industrielle, financière et commerciale. Il a également été question de la création d’une « fonction publique franco-italienne », qui propose des projets sociaux et culturels communs aux jeunes.
En fin de compte, il y a une vision stratégique partagée à la base, à partir de l’échiquier libyen où la France et l’Italie partagent désormais le soutien au nouveau gouvernement et un intérêt à mettre fin aux ingérences de la Russie et de la Turquie. L’importance est désormais également de stabiliser l’Afrique, le Moyen-Orient et en particulier le quadrant Afghanistan, dans le but de contrer les nouvelles menaces terroristes et l’urgence migratoire, mais aussi d’étendre l’influence de la Turquie, de la Russie et de la Chine. .
Mais surtout, la coopération italo-française, espérons-le aussi avec l’Allemagne après Merkel, sera déterminante pour affirmer un leadership commun en Europe qui doit composer avec des États souverains, autocratiques et dits « économes » dans des dossiers difficiles et très conflictuels. : un projet européen de défense capable de projections stratégiques, de nouveaux plans de relocalisation et d’asile (nécessaires face au risque des réfugiés afghans), anticipation des objectifs climatiques, révision des pactes de stabilité pour relancer l’économie après la crise pandémique.
Dès lors, l’Accord du Quirinal peut devenir un instrument concret de « coopération renforcée » qui, du fait du poids stratégique et économique, mais aussi culturel, des deux pays, peut servir de moteur pour une affirmation plus nette et responsable de l’Union européenne. sur la scène internationale et relever les défis du millénaire.
* Membre de l’Association de droit international.
Articles en partenariat média avec Journal diplomatique.
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