Rêves révolutionnaires de « cafés viennois » : la police réprime durement les jacobins autrichiens

Après des années de guerre avec la Prusse et l’Empire ottoman, le gouvernement de Vienne a réussi à retarder longtemps le danger d’une guerre entre les deux rivaux traditionnels. La monarchie conclut la paix avec Berlin en 1779 à Těšín et avec la Turquie en 1791 à Svištov. Mais la paix des armes ne fut accordée à l’Autriche que pour une courte période. Peu de temps après, l’Empire autrichien fut confronté à la menace d’une nouvelle guerre lorsque la France révolutionnaire lui déclara la guerre le 20 avril 1792. Cette fois, il ne s’agissait plus simplement de défendre son propre territoire, mais plutôt d’un conflit qui menaçait l’essence de l’Empire autrichien. l’ordre social établi.. La révolution a donné lieu non seulement à des guerres de territoire, mais aussi à des guerres idéologiques.

Libéraux persécutés

Jeune empereur François II (1792-1835) décide d’affronter la révolution de front, non seulement sur le champ de bataille, mais aussi dans son pays. Sa résistance et sa grande peur de la révolution s’accrurent surtout après l’horrible nouvelle du début de la terreur jacobine et de l’exécution du roi. Louis XVI et reine Marie-Antoinette en 1793. En Autriche, il y eut des années de réaction violente, suivies de persécutions contre toutes les formes de pensée progressiste.

Ancien partisan des réformes de l’Empereur Youssouf II se sont retrouvés sur la défensive. Ceux qui ont été largement représentés dans l’appareil d’État ont peur des changements d’orientation politique qui vont se produire. Ils ont rapidement perdu des postes dans des fonctions décisives de l’État, leurs rangs se sont éclaircis et finalement ils se sont divisés. Certains d’entre eux se soumettent au nouveau gouvernement et défendent la légitimité du nouveau roi. L’autre partie s’est isolée et a immédiatement pris le chemin de l’opposition cachée.. Ils ont tenté de s’unir au sein de groupes maçonniques et de clubs sociaux pour lutter contre le régime gouvernemental. Leurs rangs étaient principalement constitués de personnes éclairées tardivement, c’est-à-dire de personnes instruites issues de la classe moyenne, mais souvent aussi de la noblesse.

Ces groupes d’opposition d’orientation libérale ont également trouvé un terrain fertile parmi les jeunes étudiants. L’opposition démocratique naissante s’est radicalisée sous l’influence de la Révolution française. Même si les cercles de discussion se déroulaient en grande partie entre les quatre murs des auberges, des salons et des clubs sociaux, les membres apprenaient à se connaître et entretenaient des relations entre eux.

Sympathiser avec les révolutionnaires

Les liens étaient principalement maintenus entre les clubs viennois et les dissidents en Hongrie. Les vieilles amitiés de l’intelligentsia Joséphine dans chaque pays de la monarchie des Habsbourg persistaient encore au niveau des contacts personnels, mais le mouvement cosmopolite des Lumières, autrefois unifié, devint lâche et différencié. Groupes intellectuels à l’esprit radical adaptés aux conditions de chaque pays monarchique. Des centres locaux d’opposition démocratique sont alors créés – Vienne, Styrie, Hongrie, République tchèque, Moravie, Galice… Plus qu’un mouvement politique à grande échelle, ils lisaient et débattaient dans des groupes ou des clubs dont les membres analysaient l’actualité et étudiaient la presse, en particulier celle qui arrivait en Europe centrale par diverses voies depuis la France révolutionnaire.

L’exemple de la Révolution française nous appelle continuellement. Le coup d’État avait suscité la sympathie de nombreuses personnes instruites et éclairées en Autriche avec son annonce. Déclaration des droits de l’homme et du citoyen à partir de 1789 et plus tard également en raison de sa législation progressiste. Après la Terreur, et surtout après l’exécution du roi, leur enthousiasme pour la révolution s’amenuise. Cependant, les actions anti-révolutionnaires de Vienne y ont également contribué.

Cependant, certains groupes d’opposition vont plus loin et visent à éliminer la monarchie, en établissant une société libre et en respectant les droits de l’homme. Ils ont atteint un point révolutionnaire dans leur pensée. C’est ce qui est arrivé aux Viennois ou surtout aux Hongrois qu’on appelait les « Jacobins », mais ils n’étaient pas aussi radicaux que les Français. (voir Qui étaient les Jacobins ?).

Les revendications des insatisfaits

Signale un certain rejet de la politique réactionnaire et guerrière de l’empereur François II. apparaît déjà dès la première année de son règne sous forme de tracts et de manifestes. Le gouvernement répondit en rendant une décision de justice le 21 décembre 1792, déclarant qu’ils seraient punis. « pasquilas, manifestes, proclamations ou autres écrits similaires ». Le ministre de la Police, le comte Pergen, surveille les lieux où se rassemblent davantage de personnes, notamment les pubs et les cafés. C’est pourquoi l’opposition a dû se retirer de plus en plus dans l’intimité des cercles secrets, des groupes et des clubs maçonniques, que l’on a fini par appeler les « Jacobins ».. Seuls certains d’entre eux ont évoqué l’idée d’un coup d’État et peut-être même d’une révolution.

Il est compréhensible que ces groupes mécontents ne puissent opérer que dans les grandes villes de la monarchie, où existait le bagage intellectuel de l’opposition politique et sociale naissante. Le centre d’opposition le plus important était la capitale Vienne. Cependant, même ici, les « Jacobins » n’ont pas créé un mouvement de masse, mais plutôt un réseau de petits groupes composés d’individus politiquement engagés..

Ces objectifs et programmes ont été formulés par plusieurs membres qui exigeaient avant tout l’abolition des privilèges et privilèges féodaux et l’augmentation du statut social des couches les plus basses de la société. Ils voulaient atteindre leurs objectifs grâce à des soulèvements populaires menés par des paysans mécontents et des pauvres des villes. Les jacobins viennois eux-mêmes continuèrent à écrire des poèmes révolutionnaires, des catéchismes politiques et des appels au peuple, auxquels ils ne pouvaient susciter qu’une faible réponse dans les conditions existantes, mais ne pouvaient guère provoquer un soulèvement populaire.

Enfin le contact avec la France

Le fil du complot était centré sur plusieurs individus qui, à la suite de ses révélations, ont été qualifiés de « cerveaux du complot ». Il fut l’un des plus ardents agitateurs Baron Andreas Riedel, mathématicien et professeur à l’académie militaire de la nouvelle ville de Vienne, devenu le chef spirituel du groupe conspirationniste viennois. L’entourage de Riedl comprenait entre autres un officier Léopold Billek de Billenberggreffier du greffe du tribunal hongrois Georg RouzsitskaTuteur privé Henri Jelineun prêtre catholique Luc Frickactuaires (officiers subalternes) des tribunaux militaires Kajetan Gilowsky von Urazova et aussi jeune le Prince Léopold Hohenwart, neveu de l’archevêque de Vienne. Certains d’entre eux sont liés aux terres tchèques par leur origine et leur affiliation. Originaire de Prague, le lieutenant de l’équipage de Vienne est une figure marquante de cette équipe Franz Hebenstreit von Streitenfeld, qui, dans leur radicalisme politique, ressemblait le plus aux vrais jacobins français. Les théoriciens de Riedel respectaient et admiraient Hebenstreit en tant qu’homme d’action. Si les conditions étaient réunies pour une véritable révolution en Autriche, Hebenstreit pourrait devenir le Robespierre de Vienne.

En avril 1794, alors que l’armée révolutionnaire française avançait, le groupe autour d’Hebenstreit et de Riedl décida finalement d’agir et envoya deux hommes dans le Paris révolutionnaire. Ils établiraient des contacts avec le gouvernement révolutionnaire français et leur fourniraient également des dessins de chars équipés de longues lames pour contrer les attaques de cavalerie. Cependant, le ministre Pergen et l’Empereur lui-même étaient au courant de cette mission secrète avant que les deux envoyés ne franchissent la frontière austro-suisse à leur retour de Paris.
Tout le reste fait simplement partie de la routine policière. Comme d’habitude dans de tels cas, un traître a été découvert qui a infiltré les conspirateurs et a tout révélé. Dans la nuit du 24 juillet 1794, le piège explose. Neuf des principaux conspirateurs ont été arrêtés lors d’une descente massive de police. Plus d’une trentaine de personnes ont été arrêtées dans les jours et semaines suivantes.

Qui sont les Jacobins ?

Ceux qui sympathisaient avec la Révolution française étaient étiquetés comme tels. Bien que le terme ait été adopté plus tard, la littérature historique professionnelle l’utilise encore aujourd’hui. Il distingue cependant la composante la plus radicale dans les rangs des révolutionnaires français qui ont mené la révolution jusqu’à la terreur, à savoir les vrais jacobins, et les sympathisants de la révolution dans les pays extérieurs à la France.

Le premier est le plus souvent évoqué dans les milieux professionnels comme Jacobini intra-muros (Les Jacobins dans les murs) pas comme à l’étranger – Jacobini Extra Muro (Jacobin derrière le mur). Dans le cas des jacobins viennois et hongrois, le problème ne résidait pas dans des actions radicales, mais plutôt dans des considérations théoriques et des projets encore loin de la réalité.

Albert Gardinier

« Fan d'alcool incurable. Fier praticien du web. Joueur en herbe. Passionné de musique. Explorateur.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *