Nous voulons des statistiques sur la race, les immigrés vivant en France et les demandes d’extrême droite

Alors que les militants et la gauche veulent montrer que les immigrés et leurs descendants sont sous-représentés dans les institutions de l’État français, les droites veulent comparer les données sur le nombre d’immigrés et leurs descendants, notamment des pays africains et arabes, avec l’incidence de crime. Mais pour l’instant, tout le monde devra attendre.

Égalité, liberté, fraternité, comme mots d’ordre de base de la Révolution française, ont assuré le même statut à tous les résidents de France, quelles que soient leur origine, leur race ou leur religion. Par conséquent, le concept de race n’existe pas officiellement en France, et dans le cadre de la laïcité en tant que pierre angulaire de l’État français, il est interdit aux autorités de collecter des statistiques sur la race, ainsi que sur la religion.

Cette approche visait à éviter la division de la société en divers sous-groupes, dont les identités pouvaient occulter les sous-groupes les plus essentiels, à savoir l’appartenance à la culture française et à l’État. Par conséquent, tout affichage visible d’appartenance religieuse, y compris les foulards musulmans et les croix chrétiennes, est interdit dans les bâtiments publics, les bureaux de l’État et les écoles.

Ce principe de la Révolution française a été renforcé par le traumatisme de la Seconde Guerre mondiale, au cours de laquelle les données raciales recueillies par les autorités ont été utilisées pour relocaliser les Juifs. Il s’agit d’un idéal inviolable, mais il est à l’origine de tensions entre les partis politiques et la société dans son ensemble.

Immigrés à la rue, contre Kevin ou Matteo

Les minorités se plaignant de discrimination et recherchant une meilleure représentation dans les institutions françaises veulent des données concrètes pour étayer leurs revendications. D’autre part, les partis politiques anti-immigration recherchent également des statistiques plus précises. Bien que l’Assemblée nationale et Marine Le Pen ne soutiennent pas la création de registres détaillés similaires à ceux conservés, par exemple, aux États-Unis, les données démographiques sont souvent utilisées pour demander des restrictions à l’immigration de masse. L’approche de l’Allemagne est également différente, bien qu’elle dispose de ces données, mais en ce qui concerne les crimes, elle ne les publie guère que dans des cas exceptionnels.

Bien qu’il l’ait longtemps évité, ce sujet touche également le parti au pouvoir du président Emmanuel Macron, le Renouveau. « À un moment donné, nous devons commencer à parler de statistiques basées sur l’ethnicité », a déclaré Belkhir Belhaddad, un député du parti.

Dans le même temps, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a déclaré ces derniers jours que la France était confrontée à des problèmes lorsqu’il s’agissait de questions raciales et d’immigration : Interrogé par une commission parlementaire sur l’existence d’un lien entre l’immigration et les émeutes, Darmanin a répondu que parmi les émeutiers se trouvaient « des gens qui pourraient être issus de l’immigration », mais aussi « beaucoup de Kevins et de Mattes ». Il désignait les Français de souche, parmi lesquels ce prénom est populaire.

« Créolisation » et déclin de la civilisation

Surtout, les ombres montantes de l’extrême droite, encore amplifiées par le débat actuel, à savoir l’Association nationale des Marines Le Pen et Reconquista Érik Zemmour. Les deux camps de l’ancien candidat à la présidentielle mettent souvent en avant la relation entre délinquance et immigration.

« La France a accueilli trop d’immigrants qui n’ont pas de place, ce qui a entraîné des tensions sécuritaires dans de nombreux quartiers de la ville », a déclaré le prince héritier de Le Pen, Jordan Bardella, après les violentes émeutes. L’homme politique et chroniqueur Zemmour va plus loin et affirme que la société française connaît une « créolisation » et le déclin de la civilisation française en raison du métissage culturel.

Avec sa réponse ambiguë aux violences de Nanterre, Macron a par inadvertance donné plus de soutien à ces partis. Il a d’abord critiqué le policier qui a tiré sur le jeune de dix-sept ans alors qu’il dirigeait la circulation. Au lieu de cela, peu de temps après, il a soutenu la police qui, entre-temps, a qualifié les manifestants de « racailles » et de « parasites ». 45 000 policiers ont dû être déployés à travers le pays pour réprimer des émeutes particulièrement violentes.

L’Obnova du gouvernement évite les ennuis pour l’instant. Même du côté de Macron, il semble que ce ne sera pas possible avant longtemps.

Lorraine Mathieu

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