Dans son nouveau livre The Art of Political Strategy, le politologue et diplomate américain Henry Kissinger se concentre sur six personnalités politiques importantes du XXe siècle. La publication, qui a suscité l’intérêt au Festival mondial du livre de Prague la semaine dernière, a été publiée à l’occasion du centenaire de Kissinger. Conseiller de cinq présidents américains et lauréat du prix Nobel de la paix 1973 célébrera le 27 mai.

Dans le livre, Kissinger discute de la pensée stratégique des politiciens qu’il a rencontrés personnellement et qui, selon lui, ont fait preuve d’un leadership exceptionnel dans des conditions difficiles. Ceux-ci comprenaient le premier chancelier allemand d’après-guerre Konrad Adenauer, le président français Charles de Gaulle, Richard Nixon des États-Unis, Anwar Sadat d’Égypte, le Premier ministre singapourien Li Kuang-jao et le Premier ministre britannique Margaret Thatcher.

«Aucun de nos six dirigeants, pendant son mandat ou depuis, n’a joui de l’admiration et de l’approbation universelles pour la voie choisie. Ils font toujours face à une opposition, souvent motivée par des motifs honorables, et parfois leurs adversaires sont des personnalités politiques importantes. Chaque événement historique exige un tel prix », a écrit Kissinger dans son livre.

Le mot « stratégie » joue un rôle important dans la pensée de Kissinger. Selon lui, Adenauer a relevé une Allemagne vaincue et moralement en faillite après la Seconde Guerre mondiale à partir de fondements historiques grâce à ce que Kissinger a appelé sa « stratégie de l’humilité ». De Gaulle place la France aux côtés des Alliés victorieux et lui restitue son rôle moteur dans les relations internationales grâce à la « Stratégie de la Volonté ». En mettant l’accent sur la « stratégie d’équilibre », Nixon a réalisé un changement significatif dans les relations tendues entre les superpuissances et a conduit les États-Unis à sortir du conflit au Vietnam. Le président égyptien Sadate a apporté une vision de paix au Moyen-Orient grâce à la « stratégie de la négligence ».

Le fondateur de Singapour moderne, Li Kuang-jao, a façonné le développement de cette ville pauvre et multiethnique. Grâce à sa « stratégie d’émergence », Singapour s’est imposée comme une cité-État sûre et bien gouvernée. Bien que la Grande-Bretagne ait été remplie de résignation au moment de l’arrivée au pouvoir de Thatcher en raison de la perte de portée mondiale et du déclin du prestige international, le Premier ministre, grâce à la « stratégie de croyance intérieure » selon Kissinger, a restauré sa position importante. pays sur la scène internationale.

Kissinger complète chaque étude avec un contexte historique et une expérience personnelle. L’ouvrage se conclut par ses réflexions sur l’ordre mondial et l’importance du leadership en politique. Cette publication a été publiée par l’éditeur Prostor dans une traduction de Martin Pokorný, qui a récemment traduit un autre best-seller de Kissinger, The Order of the World.

Henry Alfred Kissinger est né à Fürth, en Allemagne, d’où lui et sa famille ont fui le nazisme pour les États-Unis en 1938. À partir de la fin des années 1960, il a été conseiller à la sécurité du président américain et, entre 1973 et 1977, il a dirigé la diplomatie américaine. Son approche pragmatique de la résolution de problèmes lui a valu de nombreux admirateurs. Pour d’autres, au contraire, il devient la personnification d’un intrigant qui n’hésite pas à soutenir un régime dictatorial pour arriver à ses fins. Il a contribué à apaiser les tensions dans les relations entre l’Occident et Moscou et a également été le principal architecte du rapprochement entre les États-Unis et la Chine. De plus, sa navette diplomatique a jeté les bases du premier accord de paix entre Israël et ses voisins.

Il traite avec le président américain Donald Trump et son homologue russe Vladimir Poutine. Le président ukrainien Volodymyr Zelenskyi a critiqué son discours au Forum économique mondial de Davos l’année dernière, dans lequel Kissinger a déclaré que l’Ukraine devait accepter l’occupation russe de la Crimée. Selon Kissinger, dans les pourparlers de paix, l’Ukraine attaquée par la Russie doit retourner dans sa patrie avant le 24 février, c’est-à-dire avant le début de l’invasion russe. Dans le même temps, Kissinger a mis en garde contre les dangers posés par le rapprochement de la Russie avec la Chine.