L’artichaut est-il un légume menacé en France ?

Renouveler: 16/07/2023 04:30
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Henvic (France) – L’artichaut, symbole de la gastronomie française, est tombé en disgrâce dans ce pays. Réputée difficile à préparer, la jeune génération la boude et les ventes en France continuent de décliner. En revanche, il reste un légume apprécié en Italie ou en Espagne, écrit l’agence de presse AFP.

« L’année 2022 a été une catastrophe et cette année nous souffrons encore de la chaleur et de la sécheresse », a expliqué Christian Bernard, 52 ans, au milieu de son champ d’artichauts dans le nord de la Bretagne, dans l’ouest de la France. C’est cette région qui est la principale zone de culture de cette plante dans le pays.

« Pour les artichauts à grosse chair, on touche 20 à 25 centimes d’euro (4,7 à 5,9 couronnes) la pièce pour les agriculteurs. Il faut être à 55 à 60 centimes (13 à 14,3 couronnes) », se plaint le marchand de légumes, qui cultive ce légume apparenté au chardon depuis 30 ans. En signe de mécontentement, les agriculteurs de Lannion, dans l’ouest de la France, ont donné gratuitement des dizaines de tonnes d’artichauts invendus aux riverains le 9 juin.

L’une des raisons de la baisse des prix est la météo. On dit que l’artichaut aime les pieds dans l’eau et la tête au soleil. Après la Bretagne, la deuxième région de culture est le Roussillon dans le sud-est de la France, et les artichauts y mûrissent généralement à des moments différents. Cette année, cependant, la récolte arrive dans ces deux régions à peu près au même moment et, en juin, les étagères sont remplies d’artichauts.

En plus de ces interactions d’état, des tendances structurelles peuvent également être observées. « Tous les dix ans, la consommation d’artichaut va baisser de 10 000 tonnes », indique Pierre Gélébart, responsable de la production d’artichauts au Prince de Bretagne, qui regroupe plusieurs agriculteurs. Dans le nord de la Bretagne, seuls environ 20 000 tonnes d’artichauts sont cultivées par an.

Comment expliquer le désintérêt des consommateurs pour les légumes, qui étaient autrefois le pilier du menu à la maison et à l’école ? Le temps passé à préparer les aliments diminue et l’artichaut est perçu comme un légume trop long à préparer et incompatible avec les nouvelles habitudes de consommation. « La cuisine française, c’est-à-dire entrée, plat et dessert, qu’on l’aime ou non, se fait de moins en moins », explique Gélébart, soulignant que même les artichauts peuvent être préparés en seulement dix minutes au micro-ondes.

Les artichauts, qui concurrencent des plats inédits dans les assiettes françaises, comme l’avocat, ne plaisent guère à la jeune génération. « Près de 70 % des consommateurs (d’artichauts) ont plus de 60 ans », précise Gélébart.

Chez les agriculteurs, l’artichaut est surnommé « un légume des braves » car sa culture est chronophage et les profits relativement faibles.

« Il faut 300 heures de travail par an et par hectare », alors que les champs de céréales nécessitent environ huit heures de travail par an et par hectare, compare Marc Rousseau, regardant ses champs d’Henvic surplombant la baie de Morlaix.

« Il faut trouver des consommateurs et obtenir un prix d’achat acceptable, sinon les agriculteurs n’en profiteront plus et ils se tourneront vers d’autres cultures. C’est dommage que les plantes qui font partie de la gastronomie française disparaissent », a ajouté l’agriculteur, soulignant qu’en L’Italie et l’Espagne consomment annuellement « carciofo » et « alcachofa » huit à neuf kilogrammes par personne. En France, seulement environ 400 grammes par personne et par an.

L’artichaut est arrivé en France au XVIe siècle, lorsqu’il est apparu sur la table des rois. Vers 1810, elles commencent à être cultivées dans les champs de Bretagne. Leurs promoteurs louent ses qualités nutritionnelles, sa richesse en fibres, ses racines profondes qui drainent le sol et son aspect atypique.

« Il y a de nombreux bienfaits à manger des artichauts et c’est très amusant pour les enfants de les éplucher », explique Arnaud Lécuyer, vice-président de la région Bretagne chargé de l’agriculture.

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Lorraine Mathieu

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