Trois ans après la chute de l’État islamique, à l’origine de dizaines d’attentats terroristes en Europe qui ont fait des centaines de morts, ses partisans français au Moyen-Orient sont toujours dans un vide juridique et politique.
Le gouvernement français n’a abordé le rapatriement qu’avec beaucoup de réticence et de prudence. Il a évalué les cas individuellement et, en raison de la situation sécuritaire, voire de l’attitude négative de la majorité de la population, il a longtemps retardé la décision. L’exception à cette règle a été ce mois de juillet, lorsque la France a repris seize femmes et 35 enfants de Syrie.
Dans le même temps, le gouvernement a jusque-là résisté à cette décision, affirmant que les membres de l’Etat islamique devraient être jugés là où ils sont soupçonnés d’avoir commis un crime, à savoir en Syrie et en Irak.
Cependant, les essais dans ces conditions étaient pratiquement impossibles. L’Irak et la Syrie n’ont ni la volonté ni la capacité d’y faire face, et l’autonomie kurde, dont relèvent les camps de prisonniers, n’a aucune reconnaissance internationale et ne peut donc même pas organiser de procès.
La France versera une indemnité à la famille
Seule la décision actuelle de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) à Strasbourg charge la France de traiter ces affaires de manière plus intensive. Le procès a été intenté par la famille de deux femmes françaises qui sont allées soutenir l’État islamique en Syrie.
Pour le fait que les Français n’aient pas encore décidé de leur sort futur, l’État doit verser à la famille 18 000 et 13 200 euros, soit plus de 440 000 et 320 000 couronnes, respectivement. Le tribunal a demandé au gouvernement français de se conformer aux traités internationaux : selon la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme, les États ne peuvent pas refuser l’entrée à leurs citoyens sur son territoire. Si la France persiste à la rejeter dans cette affaire, le gouvernement doit clairement justifier sa décision, selon le tribunal.
La procédure de la CEDH est également suivie de près par d’autres pays de l’Union européenne car elle créera un précédent important dans le cas du rapatriement de djihadistes européens.
Il y a aujourd’hui une centaine de femmes de nationalité française et environ deux cents enfants, dont certains sont nés dans des camps, dans des camps de prisonniers du nord-est de la Syrie, sous contrôle kurde.
Les Français n’en veulent pas chez eux
Cependant, après une série d’attentats terroristes de grande ampleur en France ces dernières années, le retour des islamistes radicaux reste un sujet très sensible, et la France elle-même ne souhaite pas le retour de ses combattants, y compris leurs femmes et leurs enfants.
A ce jour, la France sélectionne ses citoyens à rapatrier au cas par cas. Par ailleurs, l’opinion publique française désapprouve le retour d’une cinquantaine de personnes en juillet, dont les deux tiers sont des enfants. Selon un sondage de la chaîne d’information CNews, six Français sur dix s’opposent à leur retour.
Selon une précédente enquête de 2019, qui interrogeait plus globalement le retour de tous les Français, hommes compris, 82 % des Français s’opposaient au rapatriement.
Veuve Bataclan
L’une des femmes ramenées par le gouvernement en France en juillet était la veuve de l’agresseur impliqué dans le meurtre de 130 personnes au club de musique Bataclan à Paris en novembre 2015. Avec la femme, identifiée par les médias français comme Kahina El Hadra , arriva également le troisième son fils.
Une autre des seize femmes rapatriées était Milie Königová, qui vers 2015 était très active dans le recrutement de combattants européens de l’EI. Parallèlement, elle est la veuve du « porte-parole » francophone de l’EI, qui a fait le lien entre la France et l’EI après les attentats de Paris. La veuve d’un des bourreaux de l’Etat islamique a également reçu un billet pour la France.
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