Ambassadeur de la République tchèque en France : Sur la façon dont on gère la présidence aux yeux de la France, sur Macron et la guerre

« Le travail de la République tchèque (pendant la présidence) a été jugé très bon par la France. Ils ont dit que nous avions montré que nous pouvions être humbles et ne pas pousser des sujets qui pourraient ne pas fonctionner. Lorsque nous soulevons un sujet, ou lorsque la France est déjà là, nous pouvons trouver le soutien d’autres pays et créer des documents », dit Fleischmann. La République tchèque a succédé à la France pour la présidence semestrielle en juillet dernier. « Nous avons fait mieux que prévu » et nous nous sommes fait une « très bonne réputation », un avis partagé par tous les ambassadeurs auprès de l’UE, selon Fleischmann.

Selon l’ambassadeur, l’importance de toute l’Europe centrale, et donc aussi de la République tchèque, a augmenté avec la guerre en Ukraine. « Le centre de l’UE s’est déplacé vers l’est et nous sommes plus défensifs que jamais. La perception de la République tchèque s’est améliorée. (…) Nous sommes de facto à la frontière de l’Ukraine et la France en est consciente. Au cours de l’année qui s’est écoulée depuis le 24 février, la France a beaucoup évolué dans sa réflexion vers la Russie et s’est un peu rapprochée des vues de la République tchèque. La Pologne a également joué un grand rôle à cet égard. La puissance polonaise a fait qu’en France on parlait plus que jamais d’Europe centrale,dit Fleischmann.

Selon l’ambassadeur tchèque, des changements importants se sont également produits dans le comportement de Macron envers le président russe Vladimir Poutine. Alors qu’il y a un an au début du conflit, Macron l’appelait fréquemment et insistait sur le fait qu’il ne fallait pas coincer la Russie, aujourd’hui il a déclaré publiquement « il m’a menti ». Selon des diplomates tchèques, Macron essaie d’expliquer aux autres acteurs que la Russie ne disparaîtra pas avec la fin de la guerre, et qu’il faut donc savoir ce qu’il adviendra d’elle après cela.

« Cela pourrait nous déranger un peu parce que Macron ne partage pas notre récit, mais c’est une puissance nucléaire et Poutine lui parle, ou du moins il le fait », dit Fleischmann. « Naturellement, il existe de nombreux plans sur la manière dont la fin de la guerre sera gérée. La France y jouera un grand rôle, car la France est la seule puissance nucléaire de l’UE », a souligné l’ambassadeur.

De nombreux pays, dont la République tchèque et la France, ont soutenu l’Ukraine diplomatiquement et matériellement dans sa lutte contre l’agression russe. « Nous pourrions dire que la France fournit moins d’armes que, disons, l’Amérique ou la Grande-Bretagne, mais ils fournissent toujours une qualité exceptionnelle », Fleischmann a été convaincu et a nommé l’obusier automoteur César. La France a fait don de 18 empereurs à l’Ukraine l’année dernière. 12 autres devraient être livrés dans les semaines à venir, avait annoncé fin janvier le ministre français de la Défense, Sébastien Lecornu.

Selon Fleischmann, Macron avait une « perception géopolitique » et les Tchèques, d’autre part, avaient une certaine expérience avec l’Union soviétique, et de là sont nés divers concepts politiques, qui n’ont cependant pas gêné la coopération. « Le récit tchèque a sa propre justification, est clairement lisible et bien communiqué. Ce qui n’est pas toujours la capacité des Tchèques à dire ce que les Tchèques veulent vraiment. » dit Fleischmann. Il apprécie que la diplomatie tchèque ait récemment parlé d’une voix unifiée et compréhensible.

Albert Gardinier

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