Paris reste la pièce maîtresse des forces militaires de premier plan pour contrer l’avancée du mouvement jihadiste dans le grand ouest, bien que sa mission se retire progressivement du Mali. Le rôle de l’Europe et des États-Unis s’accroît
17 août 2021
Article de Marco Cochi
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Le 10 juin, le président français Emmanuel Macron a annoncé un retrait progressif deBarkhane .opération antiterroristemenées depuis Paris dans l’ouest du Sahel pour apporter assistance et soutien aux forces armées maliennes en étroite coordination avec les pays du G5 Sahel (Tchad, Niger, Mali, Burkina Faso et Mauritanie) et avec la mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies au Mali ( Minusma).
Un mois après l’annonce, à l’occasion du sommet du G5 Sahel, le chef de l’Elysée a officialisé le retrait de la mission, précisant les contours du déblocage des troupes d’outre-Alpes depuis la région semi-aride à la frontière sud du Sahara. désert.
Macron a expliqué qu’entre fin 2021 et début 2022, les bases de Kidal, Tessalit et Tombouctou, dans le nord du Mali, seraient fermées. Le contingent français, qui compte désormais 5 100 personnes déployées entre le Mali, le Niger et le Tchad, a dû être réduit de 40 %, réduisant l’engagement de la France à 2 500, soit un maximum de 3 000 unités. Ces forces seront concentrées dans les soi-disant trois frontières (Mali, Niger et Burkina Faso) pour tenter de stopper l’expansion du groupe djihadiste dans le golfe de Guinée.
Derrière la décision de Macron, il y a certainement le fait qu’après 8 ans d’activité française et 55 victimes, Paris en a assez de jouer le rôle de gendarme dans le seul Sahel. Les deux récents coups d’État au Mali pèsent également sur les options présidentielles françaises, malgré tous les efforts déployés par Barkhane pour stabiliser la nation africaine.
Outre la mort subite, en avril, l’un des alliés les plus solides de la France : le président tchadien Idriss Déby Itno, a été grièvement blessé – c’est la version officielle – alors qu’il menait une opération militaire dans le nord du pays contre la coalition rebelle Front pour le Tchad. changement et harmonie (faits).
Les chiffres et les événements ont conduit à la conclusion que l’engagement unique de la France n’était pas suffisant pour garantir le contrôle d’un territoire aussi vaste, même avec un contingent humain aussi important. Comment confirmé par le chef d’état-major de l’armée française, le général François Lecointre, selon qui « le terrorisme islamique continue de se répandre, d’établir des bases locales, de toucher une population plus large, alors que les pertes subies par les militaires et les tueries de civils dues aux attaques djihadistes rester à des niveaux encore trop élevés. ».
Cependant, Macron est bien conscient qu’il ne pourra pas se retirer complètement de la région, dont l’extrême instabilité pourrait contaminer d’autres pays africains, comme en témoigne récents attentats en Côte d’Ivoireoù Paris avait renvoyé son contingent de légions étrangères.
Pour cette raison, si d’une part les forces de l’opération Barkhane doivent être réduites de moitié d’ici 2023, le commandement français Satgas Saber, une force spéciale de 500 personnes opérant dans la zone qui a destitué en juin 2020 l’émir d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), Abdelmalek Droukdel, continuera à traquer les terroristes.
De plus, la France continuera d’être en tête le nouveau contingent européen de Takuba (en langue touareg « épée ») qu’après l’inauguration officielle en janvier 2020, à l’occasion du sommet du G5 Sahel à Pau, depuis le 2 avril devenir opérationnel.
Il est important de rappeler que Takuba travaille en coordination avec d’autres acteurs internationaux, notamment la Minusma, et Africom, le commandement des forces armées américaines pour le continent africain. Cette dernière, qui ne fournit désormais qu’un soutien logistique et de renseignement, pourrait apporter une contribution importante aux opérations antiterroristes au Sahel, après que les États-Unis du président Joe Biden aient adopté une position plus interventionniste.
La nouvelle force opérationnelle apparaît donc comme un instrument conçu par Macron pour engager l’Europe au Sahel, où malgré l’utilisation d’importants moyens et des sacrifices en termes de vies humaines, les forces françaises n’ont pas été en mesure de maintenir la stabilité régionale. . Cependant, bien qu’ils se soient initialement proclamés favorables à l’initiative française, les onze pays européens signataires de la déclaration d’adhésion n’ont pas tous envoyé des unités opérationnelles sur le terrain, tandis que l’un d’entre eux, l’Allemagne, a rejeté le double de la demande française.
L’Italie, qui ne figurait pas à l’origine parmi les 11 signataires de la déclaration de soutien, a également rejoint la mission de la force conjointe européenne. La participation de notre armée à Takuba – 200 unités, 20 véhicules terrestres et 8 véhicules aériens – a été décidée à l’occasion d’un sommet bilatéral avec la France, tenu à Naples le 27 février 2020, où, suite à la demande explicite de la part de Macron, L’Italie a annoncé son adhésion.
Takuba est un engagement assez lourd pour les pays concernés, car il implique les forces spéciales de leurs armées respectives et prévoit également leur implication dans des opérations militaires sur le terrain. Par conséquent, Macron se trouvera dans la position inconfortable de devoir convaincre des alliés européens d’aller de l’avant et éventuellement de renforcer la task force Takuba, pendant qu’ils démobilisent l’opération Barkhane.
Dans le même temps, il doit également convaincre les pays du G5 Sahel, dont les nouveaux dirigeants du Mali et du Tchad, du bien-fondé de sa décision, qu’il appelle à réformer leurs pays et à remettre le pouvoir à un gouvernement civil et démocratique. . Une demande difficile à formuler alors que la France prépare son retrait de la région.
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