La tendance mondiale à la baisse des lecteurs de la presse écrite commence également à avoir un impact en France. Jusqu’à présent, l’apparition de cette crise était contenue grâce aux subventions de l’État, mais ces subventions ne suffisent plus et de nombreux journaux locaux envisagent d’arrêter ou d’annuler leurs éditions imprimées. C’est ce qu’a rapporté l’agence de presse Reuters.
En 2008, selon les données du gouvernement français, seuls 29 pour cent des Français lisaient les quotidiens. 19 ans plus tôt, ce chiffre était encore de 43 pour cent. Cependant, les journaux locaux sont également confrontés à la hausse des coûts d’impression et de distribution et à la baisse d’intérêt des annonceurs.
En particulier, les coûts d’impression sont élevés par rapport à d’autres pays. Des représentants de l’International Herald Tribune ont déclaré à une commission parlementaire française que l’impression de 30 000 exemplaires de l’édition de 22 pages en France coûterait 3 854 euros. En Belgique, le même prix est de 2.350 euros, l’impression à Londres est même 16 euros moins chère.
La presse sérieuse et les tabloïds sont en danger
Selon Reuters, cela a mis de nombreux journaux locaux dans des difficultés existentielles. Les journaux nationaux sont également touchés, le journal économique La Tribune et le tabloïd France Soir sont menacés de disparition. Tous deux envisagent d’abandonner leurs éditions imprimées et de passer exclusivement en ligne. Le journal financier Les Echos veut faire face à cette crise en licenciant dix pour cent de ses 430 salariés.
Le journal France Soir, restauré en 2009 par l’homme d’affaires russe Sergueï Pougatchev, ne tire qu’à 60 000 exemplaires, mais son syndicat a saisi la semaine dernière sa rédaction en raison de menaces de disparition et a détruit de manière démonstrative plusieurs milliers d’exemplaires sur les Champs Elysées à Paris.
Hersant Publishers, qui couvre 27 journaux régionaux et quatre chaînes de télévision locales, tente d’éviter un effondrement imminent. L’entreprise a licencié 1 650 employés et négocie actuellement avec ses créanciers son sort futur.
Les subventions ne font que retarder le problème
L’émergence d’une crise médiatique en France a été retardée par un important programme de subventions du gouvernement local. De plus, le système a été temporairement renforcé en 2008 pour aider les médias locaux à faire face à l’impact de la crise financière mondiale. Comme l’a déclaré à Reuters Jean-Marie Charon, expert du Centre national de la recherche scientifique, les aides d’État représentent environ dix pour cent des revenus quotidiens et une part encore plus importante des budgets des magazines sociaux.
« Ces aides ont servi d’amortisseur, mais désormais le système de subventions va être arrêté car l’Etat n’en a plus les moyens », a-t-il estimé. Selon lui, la presse française connaîtra des temps difficiles, certains journaux pourraient ne pas survivre et beaucoup d’autres connaîtront une « profonde restructuration ».
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