« En même temps, nous avons découvert l’ampleur de la bureaucratie. Il y a la guerre en Ukraine, mais les douaniers vous expliquent que vous n’avez pas le tonnage adéquat pour l’axe et que vos chars ne peuvent pas passer par l’Allemagne », a expliqué Toujouse dans une interview à Portail politique. « C’est tout simplement incroyable », a-t-il déclaré.

Selon lui, la solution est simple : l’Europe doit revenir aux connaissances acquises pendant la guerre froide. « À l’époque, les pays étaient habitués à déplacer des troupes et du matériel, ce qui était une tâche simple à l’époque », a expliqué le général. « Mais petit à petit, c’est devenu très complexe », dit-il depuis son bureau de Lille.

Selon le portail, le mouvement rapide du matériel de guerre à travers la frontière est désormais entravé par des procédures administratives longues et incohérentes, une infrastructure inadéquate pour le transport de véhicules blindés de transport de troupes, ainsi que par le manque de moyens de transport tels que les wagons.

En mai, les ministres des Affaires étrangères de l’UE ont exhorté les pays à adhérer aux engagements en matière de mobilité militaire, qui comprennent des investissements dans les infrastructures et l’obligation de donner aux forces armées un accès prioritaire aux routes, aux chemins de fer et à d’autres transports.

En juin, la France a annoncé qu’elle adhérerait à un accord signé par la Pologne, l’Allemagne et les Pays-Bas pour créer un couloir de transit militaire. En juillet, la Grèce, la Bulgarie et la Roumanie ont signé une déclaration d’intention de coopération transfrontalière dans le domaine de la mobilité militaire.

Mais Toujouse souhaite que les responsables politiques européens se concentrent d’abord sur le transport ferroviaire. Une idée, dit-il, serait de réduire les coûts d’accès. « Actuellement, l’armée française doit payer 30 millions d’euros (759 millions de couronnes) par an pour assurer un accès ferroviaire transcontinental ininterrompu », a-t-il rappelé.

« En même temps, les trains sont de loin le moyen le plus pratique de déplacer des chars », a déclaré Toujouse. « Mais l’armée française, qui a passé la dernière décennie à combattre en Afghanistan et dans le Sahel ouest-africain, n’a pas chargé de matériel militaire dans les trains depuis environ 20 ans », a-t-il déclaré.

Lorsqu’il a fallu transporter des troupes et du matériel français vers la Roumanie, les dirigeants de la société nationale des chemins de fer français, la SNCF, ont échoué. Désormais, la France, qui a envoyé des troupes dans le cadre d’un effort plus large de l’OTAN pour renforcer ses défenses orientales, espère utiliser des rotations régulières de troupes et d’équipements pour réapprendre « l’art du transport militaire qu’elle a complètement oublié », a déclaré Toujouse.

Dans le même temps, le général a reconnu qu’il ne sera pas facile d’accroître la mobilité militaire, dans la mesure où les réglementations routières et douanières sont des prérogatives nationales largement très sensibles. « Chaque pays a ses propres règles », a-t-il déclaré.

Toutefois, si la Russie attaque un pays membre de l’OTAN, les troupes européennes et américaines doivent atteindre le flanc oriental de l’Alliance le plus rapidement possible. Par conséquent, selon le général, la France doit également améliorer ses infrastructures de transport. « Quand des brigades espagnoles ou portugaises voudront se rendre en Slovaquie, elles passeront très probablement par la France », conclut Toujouse.