La crise politique en France est très grave. C’est la principale raison pour laquelle nous devrions éviter les grandes prédictions comme la chute de Macron. Les circonstances sont imprévisibles et les rebondissements se produisent soudainement. Pourtant, jusqu’à présent, rien de surprenant pour Emmanuel Macron.
La première chose importante est qu’il a pris la décision d’organiser des élections de sa propre initiative. Aucune loi ne l’y oblige. Macron n’est pas nouveau dans le monde politique et prend des mesures aussi importantes sans les calculer.
Et nous arrivons ici au deuxième point. De nombreux commentateurs ont conclu à la fin de Macron à partir de ses faibles résultats électoraux. Ce n’est pas surprenant. Il est difficile d’espérer un résultat différent de celui obtenu par son parti lors des élections au Parlement européen. Grâce au fait que davantage de personnalités se sont présentées pour le parti qu’aux élections européennes, le parti au pouvoir a même augmenté. Rien ne change pour Macron, il doit compter sur la victoire à l’Assemblée nationale et sur la perte de son parti.
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Commentaire
Ce qui est nouveau par rapport au premier tour dans la stratégie de Macron, c’est l’absence de surprise. Annoncer des élections dans un délai aussi court était une décision complètement inattendue. Au contraire, les efforts concertés pour empêcher Le Pen d’accéder au pouvoir sont une constante de la politique française, et cela était déjà évident en 2002, lorsque Jean-Marie Le Pen a atteint le second tour de l’élection présidentielle. Cependant, cette stratégie présente des faiblesses. Après plus de 22 ans à répéter que le danger pour la France, c’est l’extrême droite, alors que la société et la situation sont aujourd’hui complètement différentes, les problèmes restent les mêmes. La démocratie libérale en France n’a pas réussi à trouver une recette pour l’immigration, la désindustrialisation française, le chômage structurel, la baisse du pouvoir d’achat, la diminution des services publics, etc.
La plausibilité des appels à construire un « barrage de haine » a commencé à s’affaiblir alors que la société était au bord du désastre après une décennie au pouvoir du « Front républicain ». Macron doit désormais se préparer à faire face à trois scénarios possibles.
La pire option pour lui est une victoire à l’Assemblée nationale, afin que le parti obtienne la majorité absolue au Parlement. Ce serait un revers pour Macron puisqu’il est désormais impliqué dans la résistance à son accession à l’Assemblée nationale. La question est de savoir comment le vainqueur des élections se comportera dans cette situation. Techniquement, il pourrait gouverner, mais il aurait d’un côté un président hostile et de l’autre une cour constitutionnelle tout aussi hostile. En d’autres termes, il sera très difficile pour le vainqueur des élections de mettre en œuvre des réformes fondamentales. Ainsi, l’Assemblée nationale rejettera le gouvernement, ce qui signifie une autre crise qui a trois solutions : l’élection d’un nouveau parlement, la démission du président ou la possibilité que Macron profite de cette crise et gouverne sans parlement.
La deuxième possibilité est que l’Assemblée nationale l’emporte, mais qu’elle doive gouverner en coalition. La seule option pour former une coalition est celle des restes du Parti républicain qui ne soutiennent pas la stratégie générale du « Front républicain ». Le Parti républicain ne voit pas la plus grande menace dans l’Assemblée nationale, mais dans le pouvoir des groupes d’extrême gauche. Cependant, cette possibilité complique encore davantage la situation hypothétique de la gouvernance de l’Assemblée nationale. Outre un président hostile et une cour constitutionnelle, ils doivent également composer avec des partenaires de coalition moins stables. Et même si cette coalition se concrétise, ce n’est qu’une question de temps, de semaines ou de mois, avant qu’elle ne se désintègre, et donc d’élections anticipées.
Une troisième possibilité, qui signifierait la victoire de Macron au moins pour l’instant, serait une situation dans laquelle les partis du « Front républicain » pourraient former un gouvernement majoritaire. Bien entendu, il s’agirait d’une coalition à très large spectre, comprenant non seulement des républicains, mais également des groupes d’extrême gauche. Ce règlement peut être qualifié de mariage de convenance pour des raisons de dot. Mais le problème, c’est que la dot des Français est très faible. Une fois cette dot épuisée, dans quelques semaines ou mois, une nouvelle crise gouvernementale surviendra. Et donc la possibilité que la même chose se reproduise.
Comme le montre ce qui précède, aucune des deux options ne peut garantir la stabilité de la France. Plus cette crise dure, plus les voix se font fortes pour changer l’ensemble du système, ce qui pourrait apporter la stabilité politique.
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