Vous pouvez également écouter l’article en version audio.
À la suite du récent coup d’État au Gabon, survenu peu après le coup d’État militaire au Niger, de nombreuses spéculations ont eu lieu quant à savoir quel pays africain pourrait être le site du prochain coup d’État. Dans certaines situations, il est clair que dans certains domaines, ce ne sont pas des dynamiques externes, mais des dynamiques internes qui influencent la situation et conduisent parfois à de brusques changements de pouvoir.
Parmi les spéculations sur la possibilité d’un autre coup d’État militaire, le Cameroun est également apparu dans le débat tchèque (mentionné, par exemple, par l’ambassadeur en Afrique du Sud Tomáš Uličný dans une interview pour Seznam Zprávy et l’Africain Jakub Zbýtkovský sur sevreru Lidovky.cz). Pour justifier leurs hypothèses, les deux hommes ont cité la dynastie au pouvoir depuis longtemps au Cameroun, qui a suscité un ressentiment social, et en même temps l’instabilité des régions anglophones du pays. Cette raison semble tout à fait logique, mais d’un autre côté, la dynamique interne du Cameroun ne prévoit pas une telle évolution, pour plusieurs raisons.
Le Cameroun est un pays où chaque responsable ministériel vous dira avant une réunion qu’il faut faire attention car « même les murs ont des oreilles ». Il est important de comprendre comment l’actuel président Paul Biya a pu créer, au cours des dernières décennies, une situation où la possibilité d’un coup d’État était presque impossible.
Le président Paul Biya est un homme d’État très expérimenté qui comprend son époque et s’est depuis longtemps défini envers la France. Surtout depuis 1984, lorsqu’il y a eu un coup d’État militaire manqué qui était censé renverser Biya et auquel la France à l’époque y a participé. Paul Biya se souvient bien de cette injustice.
Le dernier grand tollé contre la France a eu lieu en février 2020, lorsqu’il a littéralement déclaré au président Macron que « le Cameroun n’est pas un village français » et qu’il ne pouvait pas y faire ce qu’il voulait. Un message similaire, bien que plus confidentiel, a également été délivré en juillet 2022. Lors de sa mission en Afrique, Macron s’est également rendu à Yaoundé, la capitale du Cameroun. On a ensuite demandé à Biya s’il se présenterait également aux prochaines élections (il dirige le pays en tant que président depuis 1982). Il a répondu que c’était à lui et à lui seul de décider si et quand il irait « au village ».
Les relations les plus chaleureuses de Biya avec la France peuvent également être démontrées dans sa politique internationale qui tend à pencher à long terme vers d’autres acteurs – la Suisse, où son argent et celui du pays est conservé et où il se rend pour se faire soigner, Israël, qui assume le rôle d’État. garant de la sécurité dans les années 1990, et plus récemment aussi en Russie, où Biya a participé au dernier sommet russo-africain à Saint-Pétersbourg. Saint-Pétersbourg.
L’approche de Biya est très pragmatique, non seulement envers les partis extérieurs, mais surtout envers les partis internes qui influenceront la dynamique du pouvoir dans le pays en cas de coup d’État. Au Cameroun, il est d’usage que tous les ministres et députés soient élus directement par Biya. Et pour que, si possible, ils ne puissent pas s’entendre et, pour ainsi dire, s’abattre. Cette stratégie peut être décrite comme l’ancienne politique consistant à diviser pour régner. En bref : si par exemple vous avez comme ministre un musulman francophone de l’ethnie Peulh, vous choisissez comme adjoint un chrétien anglophone de l’ethnie Bamiléké. Et vous aurez presque certainement une bagarre entre eux.
Dans toute cette stratégie, Biya dispose également d’un atout majeur qui le tient à l’écart de la politique. Un acteur important dans la situation actuelle du Cameroun est un instructeur militaire israélien dont le nom n’est que murmuré dans la peur dans les rues de Yaoundé. Il était responsable de la formation de l’unité militaire spéciale BIR (Bataillon d’Intervention Rapide), qui avait la réputation d’être l’unité la mieux entraînée et la mieux équipée parmi les branches des forces armées.
Cette unité rend directement compte au président et est éloignée du reste des structures de sécurité du pays. Les autres forces de sécurité – l’armée, la police et la gendarmerie – ne pouvaient égaler la puissance des cinq mille hommes de l’armée privée, tant en termes de qualité de formation que d’équipement. Dans le même temps, les unités du BIR sont davantage liées à l’existence du régime actuel – leurs représentants ne sont donc pas intéressés à le modifier de quelque manière que ce soit.
Outre les officiers du BIR, le régime Biya dispose également d’un vaste réseau d’espionnage et d’équipements d’espionnage de classe mondiale pour assurer la sécurité intérieure du régime. Cela ferait également de l’acteur privé israélien l’un des premiers informés de la possible mort du président, autre scénario fréquemment évoqué et qui hante la société camerounaise.
C’est le seul scénario réaliste dans lequel les militaires (en l’occurrence, le BIR) peuvent intervenir pour négocier la prochaine ligne de conduite avec chacun des acteurs – en particulier la famille de Biya (épouse Chantal), le directeur du bureau présidentiel, et Le président. Sénat. Un tel scénario est redouté par tous les Camerounais en raison du potentiel de conflit de succession. D’un autre côté, l’implication dans le processus des instructeurs israéliens susmentionnés en tant qu’acteurs clés laisse espérer que la transition pourra se terminer par un transfert de pouvoir plus pacifique.
Pour les raisons évoquées ci-dessus, il est peu probable que le Cameroun connaisse un coup d’État dans un avenir proche.
« Fan d’alcool incurable. Fier praticien du web. Joueur en herbe. Passionné de musique. Explorateur.