La politique française à l’égard du continent africain semble se réorienter, et clairement pour le pire. En mai 2006, lors de son voyage en Afrique, le président Sarkozy a prononcé un discours majeur sur la fin de la politique française envers l’Afrique, que les diplomates et journalistes français appelaient le « franc africain », et dirigée par l’ancien président Chirac. Cela réside dans la priorité absolue des intérêts économiques et stratégiques de la France sur les exigences démocratiques et les besoins des peuples africains. Sarkozy s’est exprimé dans un esprit similaire et encore plus provocateur en juillet 2007 à Dakar. En substance, Sarkozy dit aux peuples africains : faites-le vous-même désormais, la France cesse de s’impliquer en Afrique et d’y influencer la politique, parce que cela ne nous intéresse plus et parce que nous perdons le pouvoir. Cela lui vaut une forte opposition de la part des satrapes africains présents et des anciens alliés de Chirac.
Désormais, affirme Le Monde, il est temps de revenir aux vieilles mauvaises habitudes. Cela a été clairement démontré le 16 septembre à Liberville lors de l’investiture du nouveau président gabonais, Ali Bongo, le fils du plus ancien et le plus sombre allié de la France en Afrique, Omar Bongo, élu frauduleusement. Cette fois, il n’y a pas eu de discours de Sarkozy qui ait apporté un vent nouveau. Le changement de politique française à l’égard de l’Afrique s’est produit en douceur, sans fanfare médiatique, et la volonté du président de restaurer les relations de la France avec ses anciennes colonies s’est estompée. Ce subtil revirement ne s’est pas produit en un jour. Mais cela s’est produit en même temps qu’un acte hautement symbolique : l’élection frauduleuse du jeune Bongo à la présidence du Gabon le 30 août, avec la bénédiction de la France, qui a répété hypocritement à plusieurs reprises que la France n’avait aucun candidat à cette élection.
Le changement de la politique française en Afrique est également lié à l’échange de responsables français dans cette politique, à l’émergence de représentants de l’ancienne politique française, remarquée dans Le Monde de samedi. Le diplomate Bruno Joubert du ministère des Affaires étrangères, qui représentait la nouvelle tendance, partait et Sarkozy confiait la politique africaine à Claude Guéant, secrétaire général de l’Elysée, qui représentait la politique franco-africaine traditionnelle de Chirac. Cela n’aurait aucun sens si cela ne se produisait pas à un moment où la démocratie s’affaiblit dans de nombreux pays francophones d’Afrique. Et Paris y est souvent complètement indifférent. L’ère des coups d’État militaires ou constitutionnels est revenue, avec l’aide et la bénédiction du colonel Kadhafi, président de l’Union africaine. C’est le cas de Madagascar, de la Mauritanie, de la Guinée ou du Niger. « Ces dernières années, on a assisté à un déclin alarmant de la démocratie en Afrique et au départ de dirigeants africains charismatiques », a déclaré Alioune Tine, président de l’Assemblée africaine pour la protection des droits de l’homme, basée à Dakar. Et la France, après les protestations d’usage, a plus ou moins reconnu cette violation des règles internationales, sous prétexte de protéger ses intérêts économiques, comme l’uranium du Niger, de maintenir des positions stratégiques, comme à Madagascar, ou de lutter contre le terrorisme, comme en Mauritanie. . . Lorsqu’il y a un changement de leadership en Afrique, le continent a besoin de bases claires. Et la France, à son tour, est un partenaire fiable. Et seul le président d’un pays élu dans des conditions libres peut devenir président à long terme. Apparemment, la France a perdu toute sympathie pour le peuple gabonais car elle soutient la succession du fils d’un dictateur qui a saccagé le pays pendant quarante ans. En conséquence, les Gabonais ne faisaient plus confiance aux Blancs et devenaient leurs ennemis. L’héritage du colonialisme français constitue évidemment un fardeau très lourd dont il n’est pas facile de se débarrasser, malgré le manque de bonnes intentions et le manque d’enthousiasme initial. Mais il est clair que la politique actuelle de la France en Afrique est de courte durée et qu’à long terme elle ne fera qu’entraîner une perte permanente, tant en influence qu’en sympathie et en profit. « Le président français Nicolas Sarkozy n’a en réalité aucune politique sur l’Afrique, alors il la délègue au secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant, qui aime l’Afrique », a déclaré un diplomate français. Le secrétaire principal du président contrôle désormais les affaires africaines et le renseignement. Comme à l’époque du secrétaire général Charles de Gaulle, il a ajouté de manière significative. La France réduit durablement ses effectifs en Afrique et l’idée de Sarkozy est d’européaniser sa politique africaine en y impliquant d’autres États membres de l’UE. Mais ils étaient moins disposés à entrer dans la région et la position de l’Europe en Afrique a continué à se détériorer. Les Chinois simples et travailleurs entrent de plus en plus dans cet espace libre.
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