Sabine Weiss, dernière photographe « humaniste » décède

La photographe franco-suisse Sabine Weiss est décédée mardi (28 ans), à l’âge de 97 ans, à son domicile parisien, ont annoncé sa famille et son équipe dans un communiqué publié mercredi (29).

Née en Suisse en 1924 et naturalisée française en 1995, Sabine, dernière élève d’une école humaniste française, vit à Paris. Dans la capitale française, boulevard Murat, il a fondé son atelier au début des années 1950, a-t-il ajouté.

Comme Doisneau, Boubat, Willy Ronis et Izis, Sabine Weiss perpétue la vie d’une société simple, sans intérêt ni arrogance.

« Je n’aurais jamais pensé faire de la photographie humaniste. Une bonne photo doit être émouvante, bien organisée et non encombrée », a-t-il déclaré au journal La Croix.

Lauréate du Women in Motion Photography Award 2020, Sabine Weiss a joué dans plus de 160 expositions à travers le monde.

Née Weber le 23 juillet 1924, à Saint-Gingolph, au bord du lac Léman, Sabine Weiss achète son premier appareil photo, à l’âge de 12 ans, avec de l’argent de sa poche. Il étudie le métier à 16 ans, dans un célèbre atelier genevois. Il arrive à Paris en 1946 et commence à travailler pour le photographe de mode Willy Maywald.

Pionnier de la photographie d’après-guerre, au parcours éclectique et amoureux de la couleur et du noir et blanc, il voit sa carrière décoller dans le Paris des années 50.

– « Photographie artisanale » –

« Dès le début, j’ai dû vivre de la photographie, ce n’est pas quelque chose d’artistique », a déclaré Weiss à l’AFP dans une interview en 2014. « C’est un métier, je suis un artiste photographe », a-t-il déclaré.

L’année de son mariage, 1950, il ouvre son atelier dans le 16e arrondissement. A la même époque, Doisneau lui présente le magazine Vogue et l’agence Rapho (aujourd’hui Gamma-Rapho). Il commence alors à fréquenter les milieux artistiques de l’époque, mettant en scène Stravinsky, Britten, Dubuffet, Léger ou Giacometti.

Il a travaillé pour des magazines de renom tels que Newsweek, Time, Life, Esquire et Paris-Match, et a réussi dans tous les types d’enregistrement : du reportage (voyageant beaucoup), à la publicité et à la mode, au divertissement et à l’architecture.

À la personnalité discrète et moins connue du grand public que les autres photographes de sa génération, la femme de moins de cinq mètres et demi affirme n’avoir jamais subi de « discrimination » fondée sur le sexe.

« J’ai décelé en lui non seulement de la compassion, mais aussi de la tendresse et de la douceur qui manque à un homme », a déclaré mercredi à l’AFP le photographe et documentariste français Raymond Depardon.

– De la morgue aux photos de mode –

Surtout, Weiss sillonne inlassablement la capitale française, parfois avec son mari, le peintre américain Hugh Weiss, souvent le soir pour figer des instants fugaces : ouvriers en action, embrasser furtivement, aller et venir dans le métro… Avec son appareil photo, il avoue, il aime attraper des enfants, des mendiants ou des sourires, qu’il rencontre dans la rue.

« En photographie, je fais tout », confiait-il à l’AFP, dans un entretien en 2020.

« A cette époque, la capitale, la nuit, était enveloppée d’une belle brume », se souvient-il.

« Je suis allé dans des morgues, des usines, j’ai photographié les riches, pris des photos de mode (…)

Productif et généreux, il a légué en 2017 quelque 200 000 négatifs et 7 000 planches-contacts au Musée Elisée de Lausanne. « Je ne sais pas combien de photos j’ai prises », confiait-il à l’AFP en 2014, « après tout, ça ne veut pas dire grand-chose ».

Connu pour son expertise en photographie en noir et blanc, Weiss a salué l’avènement des appareils photo numériques, mais pas les selfies.

« Les gens ne prennent plus des photos du monde qui les entoure, ils prennent des photos d’eux-mêmes », a-t-il déclaré à l’AFP.

« Dites aux gens de prendre des photos de leur… environnement. Dites-leur cela », a-t-il insisté.

Narcissus Shepherd

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