Alemagna illustre le Mois de Kiev par Rodari : « Livre pour enfants, pouvoir incroyable »

Une des photos de Beatrice Alemagna (à droite) : née à Bologne, elle vit à Paris depuis de nombreuses années

En ces semaines de guerre une comptine Lune à Kiev, compilé par Gianni Rodari en 1955, est rapidement devenu viral. Utilisé dans de nombreuses écoles italiennes pour expliquer aux enfants ce qui s’est passé en Ukraine, le texte de Rodari, qui a passé une certaine période de sa vie en Russie et dont l’œuvre est encore populaire aujourd’hui dans les pays de l’ex-Union soviétique, sera réédité par Einaudi Garçons. Sortie le 12 avril au prix populaire de 8 euros. Le produit de la vente sera entièrement reversé à la Croix-Rouge pour faire face à l’urgence en Ukraine. Les illustrations ont été confiées à Béatrice Alemagna de Bologne, qui vit en France depuis de nombreuses années, a toujours été associée à Rodari et est récemment revenue dans sa ville pour le Salon du livre jeunesse.


Comment est née l’idée du livre ?
Chez Einaudi Ragazzi et pour moi, ce fut un grand honneur qu’ils aient pensé à moi. Peut-être parce qu’ils m’avaient vu tellement impressionné par ce qui s’était passé et qu’ils connaissaient alors mon grand amour pour Rodari, que j’ai illustré à une autre occasion. Pour moi un père spirituel, il y a toujours un peu de lui dans mon travail.

c’est un travail très rapide.
à droite, une sorte de livre instantané, vendu avant même que je ne le fasse. Pour moi, qui aime affronter les difficultés, un très bon challenge. Certains éditeurs français m’ont demandé comment on fait en 15 jours et avec la pénurie de papier actuelle, alors que cela prendra 4 ou 5 mois. Le livre m’est venu soudainement, complètement sorti de mon cœur, à commencer par le dessin de la couverture.

Bébé qui dort.
Pour moi une image touchante, une sérénité perdue que les enfants doivent retrouver au plus vite. J’étais moi-même déjà émue, mais ce livre m’est venu les larmes aux yeux. c’était aussi une attitude libératrice pour moi.

Quelle pourrait être la force de ce livre ?
Je trouve aussi que les livres pour enfants sont un acte social et politique, où l’on prend toujours position, car on peut aussi se révolter par la communication. Créer un livre pour enfants commence par quelque chose d’intime mais aussi d’urgent, puis les livres ont un pouvoir énorme et peuvent apporter un peu d’espoir.

Comment est votre expérience ces jours-ci à la foire, en revenant ?
Je suis tellement excité, tu ressens le désir de revivre, le désir que le monde soit soulevé de trop de poids. Bien que j’évite de regarder trop loin devant, il y a aussi un besoin de myopie saine.

Cependant, de nombreux livres liés à la guerre ont été présentés.
Les livres pour enfants parlent toujours de guerre, à mon avis il n’y a pas d’augmentation de la production. Je pense juste qu’ils sont plus visibles parce qu’ils sont à l’honneur maintenant.

Lundi, il a également reçu un prix spécial au Palazzo Re Enzo.
J’ai failli pleurer sur scène. Faire un livre c’est mon rêve depuis l’enfance, c’est une partie de mon ventre, ça demande aussi des sacrifices comme partir à l’étranger. Et même si d’habitude on reste un peu dans l’ombre, je dois avouer comme c’est agréable de recevoir un peu de lumière sur votre travail. Lorsque j’ai entendu la présentation commençant par « mesdames et messieurs », mes émotions ont débordé.

Le prix lui a été remis pour le livre Aller au parc.
un livre né pendant une pandémie, quand en France tout était fermé et que je voyais le jardin sous ma maison être abandonné ou fermé. Alors j’ai imaginé dans ma tête que les enfants viendraient et trouveraient quelque chose de mystérieux, puis j’ai mis la photo sur Instagram. Un éditeur suédois a alors eu l’idée d’en faire un livre, fait pour le contraire. Le texte est arrivé après l’image, me donnant également une interprétation plus poussée.

Sur quoi travaillez-vous maintenant?
Un projet exigeant qui doit sortir après la chute, sul le petit Prince par Saint-Exupry. J’ai découvert que c’est le livre le plus lu au monde après la Bible. La difficulté est d’essayer d’inventer quelque chose de nouveau parce qu’il a été illustré de mille façons, comme redessiner Pinocchio. Pour moi, comparer aux grands classiques est un beau défi, quelque chose que je n’ai jamais fait auparavant.

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24 mars 2022 (changement 24 mars 2022 | 20:15)

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Albert Gardinier

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