AFP : Mon travail, c’est comme une usine, dit une infirmière épuisée en France

Renouveler: 11/01/2023 05:35
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Paris – 55 des 59 infirmiers et ambulanciers sont en arrêt maladie aux urgences de l’hôpital de Thionville dans l’est de la France. Ils ne l’ont pas fait « le coeur léger », mais dans un système de santé à bout de souffle, ils « s’effondrent », écrit à l’AFP des soignants épuisés.

Jeune femme d’une vingtaine d’années, Hélène, qui travaille comme infirmière, « n’aurait jamais pensé qu’elle partirait en arrêt maladie pour cause d’épuisement physique et mental » après plusieurs années de pratique. « Cependant, la situation est devenue très compliquée ces derniers mois. Avec autant de patients qui arrivent et attendent, nous ne pouvons plus les gérer », a-t-il déclaré.

L’infirmière a déclaré qu’elle était choquée par la différence entre « les conditions de travail » et « ce qu’on nous a appris ». « Les principes de bienveillance, de respect et de dignité ne peuvent plus être appliqués aux patients. L’idée de mon travail a complètement changé », a ajouté Hélène.

Cette situation fait réfléchir Hélène sur son orientation professionnelle, car « depuis la troisième année du collège », elle croit avoir « une mission d’infirmière ». « Mon travail est comme une usine maintenant », a-t-il déclaré. « Si les conditions ne changent pas, je partirai », a-t-il ajouté.

Il est en congé de maladie pendant une semaine et sera de retour au travail dans quelques jours. « C’est un conflit, en même temps j’ai envie de retourner travailler et en même temps je suis très inquiet », a-t-il déclaré.

« Je ne m’arrête pas le cœur léger », a déclaré Élisabeth, qui a travaillé comme infirmière pendant 12 ans. Même s’il était fatigué, il se sentait coupable d’avoir arrêté de travailler pendant quelques jours. « J’ai le service public dans mon cœur, ce n’est pas dans mon ADN d’arrêter », a-t-il ajouté. Comme les autres, il a expliqué que les conditions de travail dans son service le poussaient à cet extrême.

« Nous avons un très grand nombre de patients, des personnes âgées dépendantes qui ont besoin de nous », a-t-il expliqué, indiquant une « charge psychologique énorme ». « On a fait ce qu’on a pu », a ajouté Élisabeth.

Il souhaitait qu’une plus grande attention soit accordée à la situation difficile des infirmières et appelait à la solidarité. « Quand je suis en arrêt de travail, c’est aussi pour nos patients. Demain ce sera peut-être ton père, ta grand-mère, ton frère qui seront aux urgences de Thionville, mais aussi ailleurs en France, dans le service paralytique. C’est pourquoi il faut tirer la sonnette d’alarme », a-t-il dit.

Salim Menasria est ambulancier à l’hôpital Mercy de Meta, un autre établissement de la région. Il se dit « inquiet » de la situation d’urgence à Thionville et pense qu’elle pourrait « faire boule de neige ».

« Mercy doit maintenant faire face à la fermeture des urgences de l’hôpital de Thionville », a-t-il expliqué. « Nous devons déjà faire face à la grève des médecins généralistes qui se poursuit donc c’est très tendu et nous craignons que le personnel ne s’effondre. Il y a des civières partout. Et le service des urgences n’est que la pointe de l’iceberg », a ajouté l’ambulancier.

L’hôpital a dévoilé un plan pour lutter contre les congés de maladie et permet aux départements de faire appel à des ambulanciers paramédicaux pendant leur congé. «Les congés de maladie sont justifiés, certains employés pourraient ne pas revenir de sitôt. A cause de cela, nous craignons que la situation ne se prolonge et que le personnel de l’hôpital de la Mercy soit également épuisé », a expliqué celui qui est également secrétaire général du syndicat des travailleurs de l’hôpital de Thionville.

La direction de l’hôpital a annoncé mardi qu’elle cherchait à embaucher 12 infirmières pour renforcer les services d’urgence et améliorer les soins. « Je pense que ce n’est pas suffisant pour gérer l’afflux de patients, notamment en raison du manque de personnel dans les services d’hospitalisation », a déclaré le syndicaliste.

L’année 2023 a commencé avec une tension extrême pour le système de santé français, qui était dans « un naufrage », selon son personnel dans l’attente des réformes gouvernementales promises.

La « triple épidémie » de l’hiver a frappé un système déjà plombé par une pénurie structurelle de professionnels de santé, malgré des milliards d’euros qui y ont été déversés à partir de 2020 dans le cadre de réformes visant à le rendre plus attractif.

Emplois hospitaliers français

Nicole André

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